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Leopold SURVAGE (1879-1968)
Survage, né en Russie en 1879, élève de l’école des Beaux-Arts de Moscou fréquente très tôt les artistes de l’avant-garde tels Larionov et Bourliouk, visite la collection Chtchoukine où il y découvre Gauguin et Matisse. A l’hiver 1910/1911, il participe à la légendaire exposition moscovite du « Valet de carreaux », réunion des peintres les plus avancés de l’avant-garde européenne.
Emigré à Paris dès 1908, il côtoie les artistes des mouvements Cubistes et Néo-cubistes de la Section d’Or. Il fréquente André Salmon, Picasso, Modigliani et Guillaume Apollinaire qui organise sa première exposition personnelle à Paris en 1915 à la Galerie Bongard. Ses « Rythmes Colorés », dès 1913, très révolutionnaires, combinaisons à la fois spatiales rythmiques et musicales, colorées et dynamiques sont rattachables à l’abstraction nais- sante et à l’orphisme de Robert Delaunay. Apollinaire est l’un de ses fervents défenseurs dans sa revue « les Soirées de Paris ». Blaise Cendrars écrit à leur propos « on croirait assister à la naissance même du monde ».
Il subit après la guerre l’influence du cubisme synthétique de Picasso, partagée avec de nombreux artistes tels Archipenko, Gleizes, Férat, Léger, Marcoussis. En 1920, il dépose les statuts de la « Section d’Or », association de peintres cubistes qui se charge d’organiser des expositions en France et à l’étranger. Léonce Rosenberg de la galerie « l’Effort Moderne » l’expose, Serge Diaghilev des ballets Russes lui commande les décors et costumes pour l’opéra bouffe de Stravinsky « Mavra ».
On regroupe sa période suivante sous le terme des « années Collioure », son lieu de villégiature estival en bord de Méditerranée qui va éclaircir sa palette. Survage tente une conciliation entre le cubisme synthétique de ses années de jeunesse, les baigneuses monumentales de Picasso, et l’art puriste de Fernand Léger.
Réf. 6183
Huile sur toile
Signée et datée en bas à droite
Cette œuvre est enregistrée dans les archives de Madame Anne-Marie Divieto
DIMENSIONS :
– 162,5 x 130 cm (187 x 157 cm encadré)
– 63 x 51 1/8 in. (73 5/8 x 61 3/4 in. framed)
En cette année 1933, « Le Cheval » est un témoignage exceptionnel et monumental du changement d’orientation de la peinture de Survage, du passage d’un art constructif à un art onirique et surréalisant. A Tossa en Catalogne, le peintre avait été témoin lors d’une feria de la charge dramatique d’un taureau au travers de la foule puis de de la capture de la bête furieuse. Au travers de ce souvenir, plusieurs tableaux vont repéter cette scène saisissante pour le peintre: brutalité de la force animale, peur panique des humains et angoisse désespérée au moment imprévu où la vie bascule. Il y a une pertinence à mettre en parallèle notre tableau avec « la Mort du Toréro » de Picasso (Musée Picasso, Paris) peint cette même année 1933. Grâce aux lignes cursives des personnages, au dessin ondulant du pelage du cheval, au geste incantatoire de l’homme qui tente d’arrêter l’animal, Survage substitue au réalisme brutal de l’espagnol, un onirisme issu de sa culture slave.
LITTÉRATURE :