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Dominique POLLÈS (Né en 1945)
Sculpteur français né en 1945. Son sujet d’étude préféré est le corps humain et plus particulièrement le celui de la femme. Il représente des êtres en mouvement très sensuels. Il a fait des études de médecine tout en fréquentant l’Académie Charpentier: il est passionné d’anatomie. En 1966 il découvre la sculpture grâce à son ami Enzo Plazota. En 1970, il s’installe à Carrare, qu’il ne quittera plus. Il crée sa propre fonderie chez lui, et utilise presque exclusivement le bronze. Ses créations, inscrites dans la tradition de la sculpture grecque, sont un court-circuit entre Aristide Maillol et Brancusi , entre la masse de l’un et la pointe de l’autre. Les corps charnus mais dynamiques sont d’autant plus attrayants grâce à leur patine, sensuelle et polie, tandis que leur forme font échos à l’art de Picasso.
Réf. 6162c
Bronze à patine brune
Création 2002, fonte Pollès 2008
Signée et numérotée
DIMENSIONS :
– 110 x 180 x 100 cm
Cette sculpture fait partie de l’exposition Pollès-Megève, du 20 Décembre 2020 au 4 Avril 2021. Le sculpteur Pollès investit la Place de l’Eglise de Megève à travers cinq œuvres monumentales prêtées par la Galerie de SOUZY. Cette exposition en plein air consacre le talent d’un artiste authentique, perpétuant la tradition des grands maîtres du XXème siècle.
+33 (0)1 42 65 90 96
galerie@desouzy.com
Entre Granite et Bronze
Dominique Pollès est né en 1945 à Paris, de parents empreints d’art et de philosophie. Dès son plus jeune âge il érige un panthéon intime de sculpteurs et peintres: Brancusi, Foujita, Zadkine et surtout le toscan Modigliani.
Après des études de médecine dépassionnées, Pollès sent sourdre en lui un appel : celui de l’évasion d’une vie citadine mêlant manières et ennui pour la Toscane, où il s’installera à Pietrasanta à l’age de 25 ans afin d’y apprendre l’art de la sculpture et de la fonderie auprès des maîtres de la région de Carrare.
Pollès se formera progressivement à la maîtrise des outils et de la fonte d’une Œuvre en bronze. Ne voulant rien délaisser il s’instruira de toutes les techniques, de tous les ustensiles. Du dessin au modelage, du ciselage à la fonte, du ponçage à la patine, aucune étape créative n’est abandonnée à des mains étrangères. Ainsi, Pollès crée son propre atelier où ses fusions sculpturales deviennent l’occasion de festivités dionysiaques où vin et bonne chère sont partagés pour célébrer la naissance de ses nouvelles créations.
Pierre-Edouard de Souzy qui expose Pollès dans la galerie éponyme de la Place Beauvau à Paris, a vécu l’une de ces fusions sculpturales où le surnaturel semble prendre le pas sur le réel. Il a tenu à faire partager cet immense talent en collaboration avec la Mairie de Megève.
Pollès se définit comme « obstétricien de la forme », à l’orée de toute représentation, il cherche incessamment à capter des volumes, des lignes, des angles et des voûtes transcendant la terreuse matérialité pour obtenir une élévation cristallisée par l’instant dans l’éternité.
Le sculpteur cisèle, lime, taille, tranche, soude, ponce et patine non pour additionner un nouveau détail à la forme mais pour en soustraire. Tout obstacle est rompu dans l’instauration d’un monde visuel irréfléchi: la forme imprègne le regard, le cajole puis l’hypnotise. Les charmes de ces sculptures se font ensorcellement. Elles murmurent des chants venus d’un ailleurs inaccessible semblant, l’espace d’un instant, se transmuer en ici et maintenant.
L‘ici et maintenant évoqué est visible à Megève à l’occasion d’une exposition exceptionnelle d’œuvres monumentales de l’artiste. La mairie, de ce village riche en patrimoine historique, culturel et gastronomique a décidé d’organiser cet événement artistique où les sculptures seront encadrées par trois massifs montagneux instaurant ainsi un dialogue vibratoire entre granite et bronze.
Ygaël Attali
(Auteur de « Filles de Mémoire – Sculptures de Pollès », éditions Galilée, 2018)
GALERIE DE SOUZY – ACHAT VENTE ESTIMATION TABLEAUX – EXPERT
Pollès vu par :
Maurice RHEIMS
« Le pouvoir de Pollès de donner vie au bronze en lui infusant une qualité charnelle lui permet d’associer le souffle de la sensualité au travail de gant du métallier. […] Dans mon esprit, ce mouleur de métal a pris sa place parmi les illustres initiés; un homme curieux, qui manie le bronze immensément lourd avec l’élégante facilité de celui qui descend du sein d’un cygne, le façonne, le sculpte et le brunit en un mélange de substances et de fantaisies. »
François NOURISSIER
« Courbes et contre-courbes apprises à la pierre et au bronze par le corps de la femme. Le feu brûle à l’intérieur : vous pourrez ne voir que des variations sur les thèmes du plaisir, de la tendresse, de l’équilibre. Brancusi, Moore, Pevsner, Arp : voilà la famille que s’est choisie Pollès. Elle convient à son goût de la matière, à sa science d’artisan, à son sens de la patine. Là « tout n’est qu’ordre et beauté / luxe, calme et volupté… » Posés sur les sculptures de Pollès les mots un peu usés de la poésie mais si beaux – reprennent force et sens. il faut passer un moment au milieu d’une exposition de Pollès comme on entre dans une chapelle : ce silence, cette musique du silence, cette addition qui tombe si juste : ne dirait-on pas une prière? »
Michel ONFRAY
« En sculpture, il y a deux lignes de force : la première, qui va vers de moins en moins de matière et qui, minimale à souhait, finit par exposer de la poussière, du vide, du néant, du rien, de l’absence et générer des discours fumeux pour tenter de donner du corps au vide. Et puis la seconde qui croit en la matière et raconte des formes en même temps que des forces, qui s’appuie sur une tradition plusieurs fois millénaire puisqu’elle est préhistorique, donc intempestive, donc inactuelle, donc toujours d’actualité : elle sublime les formes matricielles, elle excelle dans l’hédonisme des volumes, elle jouit du corps des femmes, de leurs seins, de leurs ventres, de leurs hanches, de leurs vitalités, de leur magnificence et de leur munificence.
La première figure l’apollinien, la seconde, le dionysiaque dans l’art. Pollès incarne à ravir le compagnonnage avec Dionysos. »
Jean LACOUTURE
« Il faut l’avoir vu, Vulcain aux boucles d’or équipé comme un cosmonaute, le chef couvert d’un casque de briseur d’émeutes dans l’atelier rugissant d’une machinerie futuriste, de la séance de fonte émouvante comme une aurore de montagne aux interminables épreuves du polissage. Mais quoi de moins “mécanique”que l’œuvre de notre Docteur Faust de Toscane? Quoi de plus charnu, vital, pulpeux, quoi de mieux inspiré par la folle herborescence de la vie? »
Régis DEBRAY
« Un jour sur un trottoir je me sentis arrêté, agressé, interpellé par un bronze derrière une vitrine. [ ] Cette agression aurait pu s’évanouir, elle se prolongea en un malaise tenace et sournois. Inconsciemment aimanté, aimanté par mon inconscient, je revins le lendemain regarder l’inconnue, ou plutôt traquer, débusquer sous l’impénétrable poli des surfaces, captant les rayons de lumière mais décourageant toute prise, quelque chose de très connu, situé loin en arrière et se dérobant à la mémoire. Je revins à cette sculpture comme un criminel sur les lieux du crime, comme un névrosé à la scène originaire de son enfance, un rêveur à son rêve, énigmatique et pourtant familier. C’est ainsi que de fil en aiguille j’entrai chez Pollès, un peu comme qui va la première fois chez un psychanalyste.»
Jean-Louis SERVAN-SCHREIBER
«J’avais rencontré Pollès en Provence, quelques années auparavant. Il exposait à l’Ile sur la Sorgue. D’emblée j’avais compris que nous jetions le même regard sur les femmes. Ses filles étaient impressionnantes de sensualité, malgré leur peau de bronze. Je les trouvais pleines de vie, quasi joyeuses. Pour flatter mes rêves les plus secrets il ne leur manquait que la stature. Je fantasmais sur une géante, qui me comble parce qu’elle me dépasserait.»
Jacques LAURENT
« Il n’invente pas la femme, il la découvre en lui imposant son regard, la courbant ou l’aiguisant selon le caprice et la violence de son désir. Il avait besoin de créer et de créer la femme. Il l’a voulue selon son cœur, selon son corps. Il l’a tantôt féminisée, tantôt femellisée, ivre de son galbe. Jadis, traversant le Sahara, je laissai sous les changements de la lumière, les dunes devenir cuisses ou seins, alors que Pollès a construit en dur et vrai, un univers-femme. »
Principales expositions:
2001 : Le corps mis à nu: sculptures de Rodin à Vanessa Beecroft, Donjon de Vez
1998 : Orangerie et Jardin de Bagatelle, Bois de Boulogne, Paris
Centre culturel, Place de Verdun, France
1997 : Fondation Prince Pierre 1er de Monaco, 4, boulevard des Moulins, Monaco
1994 : Musée Despiau-Wlérick, 6 place Marguerite de Navarre, Mont-de-Marsan
1991 : Palais Carnolès, Musée municipal, Menton
1989 : Palais Esterhazy, Wallnerstraße 4, Innere Stadt, Vienne
1986 : Poliakoff-Pollès, Musée Campredon – Centre d’Art, L’Isle-sur-la-Sorgue
1983 : Orangerie du Luxembourg, Paris
Bibliographie:
Michel Onfray, «La Vitesse des simulacres. Les sculptures de Pollès», Galilée, Paris, 2008.
Sylvie Blin, « Pollès », Polistampa, Florence, 2003.
Ygaël Attali, « Filles de mémoire », Galilée, 2018
Exposition Pollès – Megève
Place de l’Eglise, du 20 décembre 2020 au 15 avril 2021